C’est grâce à Mirela Vasile que je pars  découvrir un peu de
la Roumanie, à Sibiu, et exposer en trio au Musée d’Art contemporain
de cette ville, qui est celle de Brancusi et Cioran.

En compagnie des œuvres de Mirela Vasile et Laurence Bourgeois,
j’y montrerai des encres brodées, des lames-poèmes traduites
en roumain et le livre peint que Géry Lamarre m’a proposé d’habiter
avec un texte, « Noir estran », qui devient « Negru litoral »,
traduit en roumain par Eugen Dominic Negrici,
avec la complicité de Radu Vasile. Merci à eux tous.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Cette exposition trouve place
dans le cadre du Festival International de Théâtre de Sibiu.

 

exposition à Sibiu
Cioran à l’angle du démenti

 

Si l’on m’avait dit qu’un jour je serais relié à Emil Cioran,
les bras m’en seraient tombés. Car j’aime la vie. La positivité,
l’envie de porter le feu… Mais de Cioran, j’aime les sursauts,

les ouvertures, les aveux.
Car j’aime ce qui échappe, ce que l’instinct crée – comme

dans mes encres. Et j’aime le démenti du style : comme chez Beckett,
la vitalité du style dément le contenu.
Écartelé entre la nostalgie et l’effroi, tombant d’une bouffée
de violence dans un accès de cafard, Cioran ne se lasse pas
de réunir et d’affûter les attendus d’un impossible règlement
de comptes avec l’univers tout entier et avec lui-même.
Et, comme dans ses essais, ce « fanatique du pire » offre
le paradoxe savoureux d’un pessimiste radical s’exprimant
dans un style vif, allègre et à vrai dire requinquant.

Et chez Emil Cioran, des brèches se manifestent dans le système,
qui révèlent un axe plus ardent qu’on ne le pense :

« Il n’y a pas de sensation fausse. »
(De l’inconvénient d’être né)

« La musique est une illusion qui rachète toutes les autres. »
(Aveux et anathèmes)

« Sensation d’un bonheur inouï. D’où peut-elle bien provenir ?
Que tout cela est mystérieux et insensé ! Il n’y a rien de plus
énigmatique que la joie. »

(Cahiers, 1957-1972, 25 juin 1958)

« Je suis fini, je suis au bord de la prière.»

(Cahiers, 1957-1972, 19 février 1958)

Enfin, j’aime chez Cioran qu’il ne cesse d’interroger la vie, en la bousculant,
il en énonce la part d’effroi ou de « terribilitá » que je sens, qui fait aussi
partie de la vie, de ma vie. Et puis il est ami avec Michaux et Beckett.

 

error: cette image est protégée par le droit d\\\'auteur