à partir du 19 août nous présentons cette exposition à Sibiu, en Roumanie, au Musée d’art contemporain, pendant le célèbre festival de théâtre qui se tient chaque année.. 

J’y montre des encres, des encres brodées et des lames-poèmes, les poèmes ayant été traduit en roumain par Dominic

[grand merci à Mirela Vasile qui a initié cette exposition, et à Laurence Bourgeois ; j’aime le rapport entre nos œuvres, et la diversité des angles d’approche de Cioran]

 

avec Cioran

JeanMarc Barrier :
Cioran à l’angle du démenti

 

Si l’on m’avait dit qu’un jour je serais relié à Emil Cioran, les bras m’en seraient tombés. Car j’aime la vie. La positivité, l’envie de porter le feu… Mais de Cioran, j’aime les sursauts, les ouvertures, les aveux. Car j’aime ce qui échappe, ce que l’instinct crée – comme dans mes encres. Et j’aime le démenti du style : comme chez Beckett, la vitalité du style dément le contenu.

Écartelé entre la nostalgie et l’effroi, tombant d’une bouffée de violence dans un accès de cafard, Cioran ne se lasse pas de réunir et d’affûter les attendus d’un impossible règlement de comptes avec l’univers tout entier et avec lui-même. Et, comme dans ses essais, ce « fanatique du pire » offre le paradoxe savoureux d’un pessimiste radical s’exprimant dans un style vif, allègre et à vrai dire requinquant.

Et chez Emil Cioran, des brèches se manifestent dans le système, qui révèlent un axe plus ardent qu’on ne le pense :

« Il n’y a pas de sensation fausse. »
(De l’inconvénient d’être né)

« La musique est une illusion qui rachète toutes les autres. »
(Aveux et anathèmes)

« Sensation d’un bonheur inouï. D’où peut-elle bien provenir ? Que tout cela est mystérieux et insensé ! Il n’y a rien de plus
énigmatique que la joie. »

(Cahiers, 1957-1972, 25 juin 1958)

« Je suis fini, je suis au bord de la prière.»

(Cahiers, 1957-1972, 19 février 1958)

Enfin, j’aime chez Cioran qu’il ne cesse d’interroger la vie, en la bousculant, il en énonce la part d’effroi ou de « terribilitá »que je sens, qui fait aussi partie de la vie, de ma vie. Et puis il est ami avec Michaux et Beckett. Cioran est donc mon ami.

 

 

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